J'écris pour elles.
Dans l'épreuve de la maladie, il est ce côté absurde qui vous délaisse de tous vos mécanismes. Cette partie de soi qui se réveille et qui laisse à entendre cette tendre urgence.
Un peu, comme si ce réveil venait éteindre nos habitudes, nos lendemains programmés. Nos soucis deviennent subitement apprivoisés.
Dans l'épreuve de sa maladie, il est ce côté divin où ce qu'elle maitrise, nous montre l'exemple de l'envie de vivre. Le combat d'une mère, d'une femme et d'une épouse.
Elle nous montre que ces impossibles ne sont pas fictifs ni la proie de l'imagination. De ce qu'elle fait, lorsqu'elle décide de se battre pour la prix de sa vie.
Ce que nous pouvons lui offrir, c'est une admiration profonde face à son courage. Elle ne se laisse pas envahir, elle sait que son combat commence avec la force de son esprit.
Parfois, avec lui, nous nous demandons ce qui peut côtoyer la différence. Le poids de la bascule.
Pourquoi n'a t'elle pas survécu. Elle qui était si forte et qui tendait vers le bonheur de vivre.
A t'elle abandonné lorsque les mots peuvent fragiliser. Et en même temps, ils demandaient la stricte vérité.
De ce qu'ils disent, elle était condamnée. Mais que ce serait-il passé si nous avions pu faire autrement, si nous avions peut-être fait différemment.
Qu'est ce qui peut expliquer son abandon. Sa condamnation ou son acceptation de se laisser partir.
De ce qu'il voyait lorsque son corps s'est mis à dépérir. La souffrance de ce que ses yeux tendaient à dire.
A lui, qui s'est occupé d'elle, dans ses soins d'hygiène. Sa toilette, ses repas, ses vêtements. Tout devenait sublimement important et essentiel. Son chat et ses médicaments.
Le temps d'un instant devenu, comme subitement, essentiellement important.
La préciosité d'un repas, d'une cuillère, d'une bouchée avalée.
Sa thérapie était sans doute son propre amour, sa dévotion pour la soutenir.
Il n'ont pas choisi de se remettre dans les bras des différemment.
Ils ont choisi de se soutenir et de s'accompagner mutuellement jusqu'à la fin. Jusqu'aux portes de la mort lorsque son souffle s'est éteint.
A lui, qui s'est occupé d'elle jusqu'à la fin. Qui a vu son corps dépérir. Sentir et pénétrer la souffrance morale de la savoir déjà partie. Ici et en même temps, ici et là, déjà partie.
Sans doute a t'elle laisser aller l'amour de ses enfants, bien trop jeunes pour devoir se séparer d'une mère. Eux aussi, sans père, il n'avait qu'elle.
De ce qu'elle a dû laisser partir pour pouvoir se laisser mourir. De ce qu'elle a dû devoir lâcher pour pouvoir traverser les au-delà. A la lumière de ce que nous ne savons pas.
Sans doute a t'elle fait ce choix de se confier à lui, puisque dans ses bras, rien n'était impossible. Je le vois ainsi lorsqu'il me raconte cette triste histoire. Triste et Sublime à la fois d'une fin de vie, pour celle qu'il avait choisi d'épouser une seconde fois.
Pour ce qu'il ne dit pas. Ce que son Coeur cristallise et fait écho en moi.
Il croit que tout le monde aurait pu faire ainsi. Il n'en est rien.
Il ne voit pas les rôles empruntés, de ce que l'humanité commune peut nous amener à accomplir.
Dans l'instinct de survie, comme si ce temps suspendu prenait le relai d'une urgence à faire.
Dans l'épreuve de la maladie, il est ce côté salvateur, où tout ce que nous tenons inconsciemment, se lâche à la lueur de nos propres mensonges.
Finalement, tout ce que nous ne voulons plus devient facile à atténuer.
Tout ce que nous souhaitons devient facile à mener.
La possible ouverture de conjuguer avec une nouvelle familiarité en soi. Nos soucis deviennent subtilement apprivoisés, mis de côté. Dans ces lâchers prises innés, ils opèrent un forcé.
Un forcé provoqué, par la force innée qui nous habite. Choisir la vie.
Réconciliation profonde en soi comme si tout le superficiel pouvait s'envoler dans des états de nouvelles légèretés.
A elle, décembre 2015.