Il reste planté là, à les observer silencieusement. Son visage a vieilli, son teint est terni. Ses vêtements sont toujours empruntés par le même travail.
Retour sur ses terres d'enfance. Une maison, une ferme, des paysans. Rien à l'horizon. Juste quelques collines et des montagnes.
L'image imaginée et projetée de nos parents, que nous n'avions pas intégralement. Un récit, une histoire à conter. Je t'avais dis que je voulais des autrement.
Pour que les subissements deviennent des possiblement.
Je t'avais dis que j'y arriverais.
Rien n'est jamais perdu. Parfois, il suffit d'y croire très fort.
Des vaches, du foin, des nuages. Des marches assises à côté de cette petite église. Une balançoire pendue dans cet immense arbre, une cabane abritée.
Pas besoin de plus. Une luge pour les hivers froids, les grandes pentes descendues qui animent les rires de ces éternels instants.
Certainement comme un soleil qui brille éternellement.
L'image symbolique du père dessiné à ces trois ans. Pastels et crayons empruntés dans un coin de classe. Elle n'oublie pas sa présence mais connait la souffrance du manque.
Il reste planté là, à les observer silencieusement. Il ne sait pas mais il devine.
Il ne sait plus mais il pressent.
Un brin de familiarité, de déjà vu et de déjà connu.
Ils ne se parlent pas. Pas un mot. Rien qui ne puisse sortir de leurs bouches. Temps suspendu.
Puis, des larmes commencent à couler lorsqu'ils se reconnaissent. Un déjà vu, un déjà connu.
Drôle de familiarité inavouée.
Une larme, un trésor caché.
Se souvient il de la petite fille élevée à côté de lui ?
Un couple, deux enfants, les naissances imprévues, avance ou tardive. Les veaux naissants tirés à la corde.
Les biberons préparés, coupés par les fausses alertes d'une horloge suspendue à leur cou. Je crois qu'elle habite chacune de leurs nuits, un peu comme une alerte incessante.
Lait en poudre pour combler les manquements, parfois le manque de temps.
La maison est petite mais ils ne peuvent faire autrement. Elle découvre la gentillesse de ces gens, les apprentissages et tous ces nouveaux arrivants.
Une baignoire bien trop petite. Un espace de vie clôturé pour ses besoins de solitude.
Les textes sacrés, elle aime écrire. Sacrés de par ce qu'elle entend, voit et perçoit autour d'elle dans des élans de vie savourés.
Secrètement, un peu comme une magie, ces récits sont son moyen de délaisser et de laisser partir. Oublier, réinventer, instinct de survie inconscient pour le détachement.
Conjugaison et Imagination. Elle ne voudrait que passer son temps à inventer.
Plongée dans les nuages la plupart du temps, elle découvre le monde paysan à ses huit ans.
L'église, les cours de catéchisme.
Elle parle sans cesse de lui. Un Dieu inventé, imaginé ou réel ?
Elle finira par oublier la nature de ces pensées, enfouies dans ses mémoires d'enfant en grandissant.
Il y a les éternels voyages dans le car. Les routes neigeuses descendues. Les pancartes colorées. Le chant des enfants et les bruits silencieux.
Un monsieur bien particulier, les cahiers jetés sur les tables à la remise des notes.
Classement. Elle, elle vise la première place. Elle veut sa médaille d'or.
Première de la classe, compétition et goût du défi, elle adore.
Continuel challenge pour se sentir en vie, goût du défi.
Si elle n'aime pas, elle ne fait pas. Elle saute la trajectoire.
A l'image des champions, elle dessine sa propre histoire.
Ils disent, elle se paie notre tête. Non, lucidité et clarté d'esprit.
Hors sujet, oui elle écrit uniquement pour ce qui l'anime, la forcer à réfléchir et à faire autrement.
Et puis, vos projections la déstabilisent. Alors bouche cousue, elle préfère ne rien dire.
Faire semblant de ne pas voir et de recommencer chaque journée autrement.
Pour ne pas souffrir de son émotivité parfois embarrassante et ses émotions intenses, elle cache sa sensibilité. Regard d'une société, regard intérieur. Dure et exigeante, inutile de refuser ce fonctionnement. Parfois handicapant, Parfois extrêmement porteur.
Finalement la vie fait bien les choses. Personnalités fortes et c'est tant mieux pour se cramponner à ses propres valeurs.